À l’angle du la rue Beaubourg et de la rue Chapon (3e arrondissement), vous pouvez apercevoir l’inscription d’une ancienne rue de Paris : « rue Transnonain ». Un témoin encore visible d’un épisode sanglant de l’histoire de France.
En 1830, Louis-Philippe 1er accède au trône de France. Mais sa légitimité en tant que Roi des Français est contestée, et les premières années de son règne sont marquées par de nombreux mouvements populaires à la suite de mesures jugées antirépublicaines. En février 1834, une loi soumet en effet à autorisation administrative l’activité de crieur publics, puis, en mars de la même année, le droit d’association est limité.
Les grandes villes françaises, notamment Lyon et Paris, se révoltent. Le 15 avril 1834, les parisiens dressent des barricades dans les rues. Lors de l’attaque de l’une de ces barricades par l’armée, rue Transnonain, un capitaine d’infanterie est tué d’un coup de feu tiré depuis une maison.
Le lendemain, les militaires attaqueront très durement les émeutiers, et enfonceront les portes de l’immeuble situé au n°12 de la rue Transnonain, supposé être celui d’où était parti le coup de feu. Tous les habitants de l’immeuble, y compris vieillards, femmes et enfants, seront massacrés. Un évènement sanglant qui restera dans l’histoire comme le « massacre de la rue Transnonain », mis en image par le peintre-caricaturiste Honoré Daumier.
Publiée quelques mois après l’événement, cette lithographie est aujourd’hui considérée comme l’un des chefs-d’oeuvre de Daumier. À l’époque, ce dessin eut un tel retentissement que Louis-Philippe ordonna d’en détruire tous les exemplaires disponibles sur le marché.
Une fois l’émeute écrasée, de nouvelles lois en 1835 imposeront la censure préalable à toute chose imprimée, dont les caricatures…