La rue des Lombards est l’une des rues les plus animées du vieux quartier piétonnier des Halles, derrière la place du Châtelet. Elle tire son nom des prêteurs sur gage originaires de Lombardie qui s’y sont établis au 13e siècle, avant de voir leur activité rendue clandestine par la création du Mont-de-Piété sous Louis XVI (18e siècle). Ils exercèrent pendant ces 5 siècles leur talent rapace avec tant de zèle que le terme lombard devint avec le temps synonyme d’usurier.
Aujourd’hui, la rue des Lombards héberge une vie nocturne hétéroclite, où se côtoient pubs anglais, bars gays, bistrots auvergnats et bars à chicha, à des années lumières de l’effervescence financière d’autrefois… Si ce n’est pour les prix abusifs qu’on y pratique parfois.
C’est là surtout que l’on trouve plusieurs clubs de jazz qui comptent parmi les meilleurs de Paris, alignés entre la place Saint-Opportune et le boulevard Sébastopol. D’abord, le Sunset/Sunside, lieu culte des passionnés de jazz, qui propose aussi bien du jazz acoustique (rez-de-chaussée) que du jazz électrique et de la world music (sous-sol). Juste à côté, le Baiser Salé, qui s’est fait un nom en programmant du jazz fusion, avant de s’ouvrir aux musiques métissées. Enfin, le Duc des Lombards, plus chic et touristique, à la fois club et restaurant.
Créés dans les années 80, ils sont un peu à l’image du jazz d’aujourd’hui : politique de prix élitiste (20-25€ la place de concert, bière à partir de 6€), ambiance feutrée et légèrement snob, comme hantée par le souvenir sulfureux des caves des années 50, où l’on dansait en diable toute la nuit. Cela dit, la qualité de la programmation y est souvent exceptionnelle, et vous pourrez voir jouer juste sous votre nez les grands noms du jazz contemporain.
Décernons à ce titre une mention spéciale au Sunset/Sunside, qui accueille régulièrement en ses murs des artistes de renommée internationale, comme Brad Mehldau, Biréli Lagrène, Richard Galliano, Aldo Romano, Daniel Humair, Laurent de Wilde, Jacky Terrasson ou Titi Robin. On parle même d’une jam session mémorable, dans les années 1990, où Wynton Marsalis joua jusqu’au petit matin avec les frères Belmondo.
Le jazz est une musique qui ne s’apprécie jamais mieux qu’en live. Certes, on ne retrouvera plus dans les clubs de jazz parisiens l’ambiance légendaire du Tabou des zazous de Saint-Germain-des-Prés, mais on peut y profiter de la musique dans une atmosphère conviviale et intimiste. Et puis, au fil des sets qui s’enchaînent, un petit jeu s’instaure entre les musiciens et le public. Les esprits s’échauffent et l’ambiance se déride, jusqu’à ce que fusent de toutes parts des hourras d’extase saluant avec joie la conclusion d’un chorus tonitruant.