Personnage célèbre à ses dépens, le Zouave du pont de l’Alma doit sa renommée à la crue de 1910, lorsque son corps est devenu l’échelle de mesure d’une inondation historique. Un hasard ? Pas tellement, lorsque l’on sait que ce Zouave avait alors très bonne réputation auprès des parisiens…
Unité d’infanterie d’origine algérienne créée à la suite des premières guerres coloniales en 1830, les Zouaves étaient au service des Turcs avant de rejoindre les Français après la prise d’Alger. Composée exclusivement d’européens à partir de 1842, elle était de tout temps reconnaissable par son uniforme singulier, fait d’un pantalon bouffant, de guêtres blanches, d’une longue ceinture de 3 mètres, d’une veste courte, d’un couvre-chef orné d’un gland et d’un turban. Un habit qui ne passait pas inaperçu !
Outre l’uniforme, c’était le caractère vaillant de ces soldats qui était profondément ancré dans la mémoire des français, eux qui c’étaient notamment illustrés pendant la bataille de Crimée en s’emparant de l’artillerie russe sur les rives du fleuve l’Alma pour les retourner contre l’ennemi. Un symbole de victoire que Napoléon III souhaita honorer à son retour à Paris en construisant un pont.
Le Zouave, oeuvre de Georges Diebolt, était à l’origine accompagné de trois camardes : un grenadier, un chasseur à pied et un artilleur.
Lors des inondations de 1910, le Zouave devint un instrument de mesure populaire, que les parisiens venaient scruter tous les jours pour suivre l’évolution de la crue. Telle une métaphore de leur destinée…
Mais en 1970, un tassement du sol obligea le remplacement du pont. Une fois le nouveau pont construit, seul le Zouave fut replacé, ses trois acolytes ayant été dispersés dans plusieurs villes françaises. Il aurait été en effet impensable que les parisiens perdent leur unité de mesure ! Aujourd’hui encore, le Zouave reste le mètre étalon populaire des caprices de la Seine. Sans valeur scientifique, puisque les points de mesures officiels se trouvent sur le pont d’Austerlitz ou le pont de la Tournelle. Mais peu importe. C’est lorsque le Zouave a les pieds noyés que Paris est en alerte.
Le pont de l’Alma est aussi mondialement connu depuis août 1997, date de l’accident de la princesse Diana. Il dessert sur la rive gauche le musée du quai Branly.