Connu avant tout pour les établissements scolaires et centres culturels auxquels il prête son nom, François Villon fait partie de ce patrimoine français quelque peu flou. Poète parisien de la fin du Moyen-Âge, il a laissé derrière lui une oeuvre hors du commun, autant par son talent poétique que par la vie dissolue qui l’a accompagnée. Étudiant brillant et maître de l’Université, il fut aussi vagabond, criminel, souteneur de filles et voleur… Portrait d’une vie agitée qui disparaitra dans le silence, mais nous léguera l’une des plus importantes oeuvres poétiques du Moyen-Âge.
Né à Paris en 1431, en pleine guerre de cent ans, sous le nom de François de Montcorbier, le jeune garçon est issu d’une famille de condition modeste. François est adopté par un prêtre de l’église Saint-Benoit (aujourd’hui disparue, actuel 5e arrondissement), Maître Guillaume Villon, avec lequel il avait probablement quelques liens de parenté. Il entre à l’Université de Paris sous le nom de son nouveau protecteur, est reçu bachelier en 1449, puis Maître en 1452. Une existence jusque là studieuse. Du moins en apparence…
Le Quartier Latin, alors centre intellectuel de l’Europe médiévale, connait en dehors des horaires d’étude une animation sans égal. Les quartiers étudiants étaient déjà, au 15e siècle, réputés pour la débauche de ses riverains ! François Villon arrête l’enseignement un an seulement après l’avoir commencé, lui préférant la vie bohème et vagabonde. Il joue, boit, fréquente les tavernes et cabarets parisiens, et comme il est toujours à court d’argent, use de tous les moyens pour subvenir à ses plaisirs. Le 5 juin 1455, il tue un prêtre lors d’une querelle dans la rue, probablement liée à une femme, et fuit Paris pendant 7 mois. La grâce lui sera accordée grâce aux (bonnes) relations de son parent Guillaume. De retour dans la capitale, il compose Le Lais. Le poète et le truand ne se quitteront plus. Peu de temps après, il participe au cambriolage d’un collège du Quartier Latin. Le produit du vol rapidement dilapidé, François Villon quitte à nouveau Paris.
On sait peu de choses de ce nouvel exil, si ce n’est qu’il parcourt une partie de la France, et se retrouve une nouvelle fois en prison ! Gracié par le roi Louis XII, il revient à Paris et rédige Le Testament. La vie de bohème et de rapine reprend comme s’il ne l’avait jamais quittée, et un soir de novembre 1462, un religieux est tué. Non pas par François, mais par l’un de ses amis. Le casier judiciaire du poète étant tout de même plutôt bien fourni, il est cette fois condamné à être pendu et étranglé. C’est à ce moment qu’il composa la célèbre Ballade des Pendus, où est exprimé le repentir du chrétien qui ne relève plus que de la justice de Dieu.
À croire que celui-ci veillait particulièrement aux intérêts du poète, Villon est grâcié le 5 janvier 1463, le Parlement jugeant excessive la condamnation ordonnée par le Prévôt de Paris. À cette grâce s’ajouta néanmoins le bannissement pour 10 ans de la ville de Paris. Il quitta la capitale pour la troisième fois et, à partir de ce moment, nous ne savons plus rien de lui. Sa production artistique s’arrête, sa vie agitée disparait dans le silence. François Villon avait 32 ans.
C’est à peu près tout ce que nous connaissons de François Villon, ici (largement) résumé d’après les documents historiques qui nous sont parvenus et les allusions que renferment ses poèmes. Voleur, escroc, mauvais garçon, il nous a néanmoins laissé l’une des plus importantes oeuvres poétiques du Moyen-Âge.
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