Certaines statues ont des vertus magiques, conséquences de superstitions, traditions, voire même légendes, qui ont résisté au temps. À Paris, deux statues font l’objet d’un véritable culte, touchées par les passants en quête de chance ou de bonheur. L’un, philosophe illustre, vous accompagnera dans le succès de vos études. L’autre, journaliste, vous offrira fécondité et virilité.
Montaigne, square Paul Painlevé
Assis face à l’entrée d’honneur de la Sorbonne (5e arrondissement), à deux pas du Musée du Moyen-Âge, Michel de Montaigne trône depuis 1933 dans le petit square Paul-Painlevé. Avant chaque examen, les étudiants de la Sorbonne avaient pris pour habitude de toucher la chaussure du philosophe français en clamant « Salut, Montaigne ! ». Une habitude qui s’est transformée en tradition, puis en croyance : le soulier de Montaigne apporte réussite et chance à celui qui le touche.
À l’origine faite en marbre blanc, cette statue fut dégradée à cause de cette tradition, mais également à la suite des multiples révoltes étudiantes du quartier. Il fut donc décidé en 1989 de la remplacer par un bronze plus robuste. Bronze ou marbre, ce pied droit est toujours l’un des plus caressés de Paris, comme en atteste la couleur jaune que l’on peut voir aujourd’hui !
Une statue réalisée par Paul Landowski, à qui l’on doit également la statue de Sainte Geniève au Pont de la Tournelle. Vous pouvez voir dans ce même jardin une statue de la louve allaitant Romulus et Rémus, reproduction offerte à la ville de Paris en 1962 par la ville de Rome lors de leur jumelage.
Tombe de Victor Noir, Cimetière du Père-Lachaise
Victor Noir (1848-1870), de son vrai nom Yvan Salmon, était un journaliste, dont la tombe au Père-Lachaise est l’un des monuments les plus visités du cimetière.
Journaliste d’opposition, Victor Noir fut tué d’un coup de feu le 10 janvier 1870 lors d’une altercation avec Pierre Bonaparte, cousin de Napoléon III. D’abord enterré dans le cimetière de Neuilly, ce symbole de la répression et de la lutte pour la liberté sera transféré en 1891 au Père-Lachaise, et la réalisation du gisant confiée à l’artiste Républicain Jules Dalou.
Un gisant en bronze très réaliste, où Victor Noir apparaît dans l’état où il aurait été trouvé après le coup de feu, avec notamment une semi-érection dans un pantalon moulant… Une légende devenue culte, puisqu’aujourd’hui encore on attribue à cette protubérance des vertus de fécondité et de virilité. D’où l’usure du bronze, qui a poli sous les (fréquentes) caresses !