C’est une idée digne d’un film de cinéma hollywoodien que l’État Major Français eut à la fin de la première Guerre Mondiale. Une histoire méconnue, mais bien réélle, exhumée d’un numéro du magazine « The Illustrated London News » – une sorte de Géo de l’époque – daté du 6 novembre 1920. Où quand Paris faillit se retrouver près de la forêt de Saint-Germain-en-Laye pour tromper les Allemands.
À partir de 1917, le secrétariat d’Etat à l’Aéronautique français et la DCA (« Défense Contre Aéronefs ») cherchaient une solution pour contrer les bombardements nocturnes des avions allemands, notamment après les frappes meurtrières qui avaient touché Londres le 13 juin de cette même année. Les bombardiers allemands ont un point faible, ils ne sont pas équipés de radars. L’idée : créer une ville factice à partir de faux foyers lumineux pour tromper l’ennemi.
Au début de l’année 1918, il est donc décidé de recréer une fausse agglomération parisienne, ainsi qu’un faux Saint-Denis, qui accueillait alors d’importantes usines. La fausse capitale serait implantée du côté de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, Saint-Denis au niveau de l’actuel aéroport de Roissy, et d’autres fausses usines à l’Est de Paris, vers Chelles.
Plan des faux objectifs :
- A1 = Saint-Denis, A2 = faux Saint-Denis et « Orme de Merlu » : reproduisant l’agglomération de Saint-Denis, les usines d’Aubervilliers, les gares de l’Est et du Nord
- B1 = Paris, B2 = faux Paris : il devait reproduire Paris et ses principaux sites remarquables (place de l’Étoile, Opéra Garnier, Montparnasse, la petite ceinture…)
- C = Agglomération d’usines fictives
La zone entre Maisons-Laffite et Conflans-Sainte-Honorine avait été choisie pour reproduire Paris car son bras de Seine est assez similaire à celui qui traverse la capitale.
Autour d’une fausse Gare de l’est, les trains étaient de grandes plaques de bois posées sur le sol avec un éclairage latéral reproduisant celui des fenêtres. Des toiles peintes recréaient les toits des usines, et des lampes de différentes couleurs éclairaient des vapeurs produites artificiellement.
Des installations qui ne furent prêtes qu’après le dernier raid allemand sur Paris, en septembre 1918…