Dans le cimetière de Montmartre, vous pouvez découvrir la sépulture de l’une des dynasties les plus étranges de l’histoire de France. Celle de la famille Sanson, bourreaux qui ont exercé à Paris de pères en fils de 1688 à 1847.
Installée au début du 17e siècle à Abbeville (Somme), la famille Sanson tient alors une place ordinaire dans l’histoire de la ville. Avant qu’un évènement ne vienne définitivement changer son destin…
Charles Sanson (1635 – 1707)
C’est Charles Sanson, né en 1635, qui offrira à sa famille la lourde responsabilité de plus d’un siècle et demi d’exécutions, en épousant Marguerite Jouënne, fille du bourreau de Dieppe. Charles devient alors aide de son beau-père, puis, en 1688, il obtient la charge de bourreau de Paris.
Charles Sanson II (1681-1726)
À Charles Sanson succède… Charles Sanson. Même nom, même métier. Il fut notamment l’éxécuteur du bandit Cartouche, roué vif Place de Grève le 28 novembre 1721.
Jean-Baptiste Sanson (1719-1788)
Dès l’âge de 7 ans, Jean-Basptiste assiste à toutes le formes de tortures, et procéde à sa première exécution à 18 ans. Frappé par une attaque qui le laissera à demi paralysé en 1754, il passera le flambeau à son fils Charles-Henri.
Charles-Henri Sanson (1739-1806)
Charles-Henri Sanson, dit le « Grand Sanson », donnera au patronyme son billet pour la postérité.
C’est lui qui utilisera pour la première fois la guillotine, lors de l’execution en 1792 du criminel Nicolas-Jacques Pelletier. Suivront les têtes de Louis XVI, Marie-Antoinette, Charlotte Corday, Danton, Madame Dubarry, Robespierre… Et tous les ténors de la Révolution. On doit également à Charles-Henri une part non négligeable dans l’invention de la guillotine. C’est en suivant certaines de ses remarques, notamment sur la fatigue du bourreau en cas de décapitations répétées dans la même journée, que l’Assemblée vota la mise en place d’une machine mécanique.
Son fils, Henri, prit progressivement sa place à partir de 1795.
Henri Sanson (1767-1840)
Henri assista son père dans un grand nombre d’exécutions pendant la Révolution française. Il fut lui-même l’exécuteur de Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, et en 1820 de Louis Pierre Louvel, assassin du Duc de Berry, héritier de la Couronne.
Henri-Clément Sanson (1799-1889)
Le dernier de la dynastie de bourreaux Sanson fut Henri-Clément Sanson. Entre 1840 et 1847, « seuls » dix-huit condamnés passeront sous le couteau de la guillotine. Henri-Clément s’ennuie, et fréquente assidument les casinos. en 1847, pour régler ses dettes, il met en gage la guillotine… que l’État devra racheter pour exécuter un condamné ! Il tranchera pour la dernière fois une tête cette même année 1847.
Après cet évènement (et aussi parce que ses moeurs homosexuelles n’étaient pas du goût du nouveau ministre de la justice…), il fut démis de ses fonctions. La dynastie de bourreaux Sanson s’éteignait.
Seuls Charles-Henri, le bourreau de la Révolution, sont fils Henri et son petit-fils Henri-Clément sont enterrés au cimetière de Montmartre. C’est Henri qui, le 24 février 1829, acheta une concession de terrain à perpétuité pour son père, son fils et lui-même.
La gravure « famille Sanson » nous rappelle néanmoins l’histoire extraordinaire de toute la dynastie.