Dans le jardin des Tuileries, un escalier permet d’accéder au parc depuis la rue de Rivoli. Un simple escalier ? Pas vraiment, puisqu’il est le dernier vestige de l’une des plus importantes journées de l’histoire de France : le 10 août 1792. Plus qu’un escalier, un symbole de la chute de la monarchie pendant la Révolution française.
L’histoire a le pouvoir fascinant de transformer l’anodin en exceptionnel, à l’image de l’escalier des Feuillants, qui pour le promeneur du jardin des Tuileries est sans doute une banalité qui ne mérite pas la moindre attention. Et pourtant ! Dernier vestige de la salle du Manège, siège de l’Assemblée Nationale où cet escalier conduisait, il fut témoin de la journée révolutionnaire du 10 août 1792.
La journée révolutionnaire du 10 août 1792
En octobre 1789, une foule de parisiens, majoritairement composée de femmes, marche sur Versailles et ramène de force la famille royale jusqu’au vieux Palais des Tuileries, inhabité par la Cour depuis plus de 50 ans. L’Assemblée Nationale revient également à Paris, et s’installe le 9 novembre 1789 dans la salle du Manège, qui tenait son nom d’un manège créé pendant l’enfance de Louis XV pour l’éducation hippique de la noblesse.
C’est dans cette salle du Manège, où menaient les 13 marches de l’escalier toujours visible du jardin des Tuileries, qu’ont siégé tour à tour l’assemblée Constituante (novembre 1789 – septembre 1791), la Législative (1791 – 1792) et la Convention (septembre 1792 – 9 mai 1793), premières assemblées politiques françaises.
Placée sous surveillance dans le palais des Tuileries, la famille royale tente de fuir en juin 1791. Le lien de confiance entre le Peuple et le Roi se brise un peu plus, et la Révolution dégénère après la déclaration de guerre à l’Autriche en avril 1792 et les importantes défaites militaires qui s’en suivent.
Le 10 août 1792, une insurrection éclate. Le peuple envahit les Tuileries. Le roi et sa famille quittent précipitamment le château, traversent le jardin et gravissent les 13 marches de la terrasse des Feuillants pour trouver refuge auprès de l’Assemblée. Le roi, la reine, le Dauphin, Madame Royale (fille de Louis XVI et Marie-Antoinette), la marquise de Tourzel, sa fille, ainsi que la princesse de Lamballe seront placés dans une minuscule loge, séparée de la salle des débats par une grille de fer. Il y resteront 4 jours, avant d’être envoyés en prison le 13 août 1792.
Le roi n’en sortira que pour son procès, et son exécution (21 janvier 1793). Quant à la salle du Manège, elle fut détruite au début du 19e siècle lors du percement de la rue de Rivoli. Une plaque rappelle sa présence et celles des différentes assemblés politiques qui s’y sont réunies à l’entrée du jardin où se trouve cet escalier, au niveau du 230 rue de Rivoli.
Peut-être verrez-vous d’un autre oeil cet escalier lors de vos balades dans le jardin des Tuileries !
- Voir notre balade sur les pas de la Révolution française autour du jardin des Tuileries.