L’église de la Madeleine est un monument paradoxal. Tous les parisiens la connaissent, mais très peu l’ont visitée. Une église remplie d’anecdotes et de curiosités qui mérite d’être découverte pour son histoire et ses richesses intérieures.
Une construction mouvementée
Commencée sous Louis XV, en 1764, l’église de la Madeleine devait remplacer une vieille église, située au niveau du 8 boulevard Malesherbes actuel, et qui ne pouvait plus accueillir la population grandissante du quartier.
En 1777, à la mort de l’architecte chargé du chantier, son élève imagina un nouveau projet et entreprit d’importantes modifications, jusqu’à ce que la Révolution française stoppe les travaux.
En 1806, Napoléon décida de créer à Paris un temple à la gloire des soldats de la Grande Armée sur l’emplacement de la Madeleine. La précédente construction fut à nouveau rasée. Mais les travaux, encore une fois, avancèrent lentement, et le projet de temple dédié aux armées fut abandonné au profit de l’Arc de Triomphe. Le monument fut finalement rendu au culte catholique en 1816, et les travaux ne furent achevés qu’en… 1842.
Il aura fallu au final 78 ans pour construire cette église !
Une église, ou un temple ?
C’est en raison du projet Napoléonien d’en faire un temple à la gloire des Armées françaises inspiré par l’architecture gréco-romaine, que cette église n’a pas grand chose… d’une église. Vous ne verrez ni croix ni clocher à l’extérieur, ni transept ni bas-côtés à l’intérieur.
Seul l’imposant fronton, représentant le Jugement dernier, nous rappelle finalement de l’extérieur la vocation religieuse de ce monument…
La Madeleine et l’Assemblée Nationale
Les marches de l’église offrent l’une des perspectives les plus célèbres de Paris : la rue Royale, la place de la Concorde, et le Palais Bourbon, siège de l’Assemblée Nationale.
C’est d’ailleurs Napoléon qui décida, en 1806, de doter le Palais Bourbon d’un péristyle, colonnade composée de douze colonnes, pour créer un effet de symétrie avec la Madeleine. Celle-ci fut achevée en 1810, alors que l’église, elle, était toujours en construction !
La fresque de Ziegler
Dans la demi-coupole au-dessus de l’autel est visible une vaste fresque, réalisée par Jules Ziegler entre 1835 et 1837. Nommée (sobrement…) Histoire du Christianisme, elle rassemble autour du christ des grands personnages qui ont marqué le christianisme d’Orient (à sa droite), et d’Occident (à sa gauche). À noter qu’au milieu de la fresque apparait Napoléon en grand manteau parsemé d’abeilles d’or, à qui l’évêque de Gênes remet le texte du Concordat. La Madeleine est la seule église parisienne où apparaît sur une fresque la figure de Napoléon.
Pour la petite anecdote, le projet initial de fresque avait été donné à un autre artiste, Paul Delaroche, qui partit étudier la peinture à Rome pour la bonne exécution de son oeuvre. Mais son absence dura un peu trop longtemps, et pendant qu’il étudiait en Italie, une nouvelle commande fut faite par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Adolphe Thiers, au jeune artiste Jules Ziegler.
Mémoire de la Commune de Paris
Vous pouvez voir sur la droite à l’intérieur de l’église une plaque à la mémoire de l’abbé Deguerry, « curé de la Madeleine mort pour la foi et la justice« . Plus prosaïquement, celui-ci a été fusillé à la prison de la Roquette le 24 mai 1871, aux derniers jours de la Commune de Paris.
Des enterrements prestigieux
Récemment médiatisée lors du très populaire enterrement de Johnny Halliday, l’église de la Madeleine a accueilli au 19e siècle les funérailles d’une autre star musicale : Frédéric Chopin. Un autre style, certes…
Le 30 octobre 1849, 3.000 personnes, principalement des artistes et hommes de lettres , assistèrent à la cérémonie durant laquelle furent interprétés le Requiem de Mozart, et la Marche Funèbre. Après quoi le cortège, accompagné de milliers de parisiens, transporta la tombe du compositeur et pianiste jusqu’au cimetière du Père-Lachaise, où il repose encore aujourd’hui.