Chef-d’œuvre de l’Art Nouveau réalisé par Hector Guimard, le Castel Béranger est la première réalisation architecturale majeure de ce courant artistique en France. Un immeuble qui remporta en 1898 le premier prix de la plus belle façade de la ville de Paris, lançant par la même occasion la carrière du jeune architecte (il avait alors 31 ans) qui se verra confier deux ans plus tard la réalisation des bouches de métro pour l’Exposition Universelle de 1900.
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A la fin d’une visite guidée sur l’Art Nouveau dans le 16e arrondissement, j’ai eu la chance – et le privilège – de rencontrer une femme adorable chargée de l’intendance de l’immeuble, qui m’a permis de rentrer à l’intérieur du Castel Béranger et d’en découvrir ce qui est invisible depuis la rue. Aussi iconique soit-il, cet immeuble reste une propriété privée qui ne s’ouvre malheureusement pas aux visiteurs. Réduit, comme tout curieux, à apercevoir de loin ses détails et à ne pouvoir photographier que sa somptueuse porte à chaque fois que j’y passe, j’ai pu cette fois la pousser !
Pousser la porte du Castel Béranger
Le Castel Béranger est un ensemble immobilier composé de trois bâtiments reliés entre eux par une jolie petite cour-jardin, que l’on ne distingue pas depuis la rue. Un accés est également possible par la gauche du bâtiment, via un petit hameau, qui est également une voie privée.
La notion d’art total, caractéristique de l’Art Nouveau et que Guimard s’est particulièrement appropriée avec cette réalisation, continue au-delà de la façade principale visible depuis la rue la Fontaine. En parvenant dans la cour intérieur, le jeu d’asymétrie et de différents matériaux offre de nouvelles perspectives. Chaque élément décoratif, du parterre de fleurs à la petite fontaine d’eau, est un jeu de courbes. Une jolie entrée, auréolée de briques et de pierre sculptée, donne accès au second immeuble.
Fidèle à ses aspirations néogothiques de jeunesse tirées des enseignements de Viollet-le-Duc, la structure intérieure de l’immeuble est rendue apparente depuis l’extérieur, comme ces fenêtres posées en diagonal qui suivent l’escalier.
Derrière la magnifique porte d’entrée principale (rue La Fontaine) et son hall faisant penser que l’on pénètre le Nautilus, tant les thèmes maritimes et floraux y sont présents, le vestibule du Castel Béranger mélange féérie et innovations artistiques.
Revenu d’un voyage à Bruxelles où il a rencontré Victor Horta, et qui l’a profondément bouleversé, Hector Guimard revoit ses principes et fait évoluer son art, notamment avec l’utilisation de la ligne « coup de fouet » qui deviendra caractéristique de son oeuvre, tant dans l’architecture que dans la décoration. Tout y a été pensé, dessiné, réalisé par Guimard, qui a poussé la notion d’art total jusque dans les poignées, moulées dans sa main !
Vestige d’un temps disparu, symbole de la modernité d’époque évoquant aujourd’hui la nostalgie, une cabine téléphonique permettait autrefois aux locataires de l’immeuble de passer leurs appels. À sa gauche, l’escalier mélange couleurs et matériaux, offrant des jeux de lumière différents au fil de la journée.
Je n’ai pas pu gravir l’escalier, mais la féérie de Guimard avait fait son oeuvre. En repartant, chaque étage se construisait dans mon imaginaire, et apparaissaient des appartements aux plafonds voûtés, baignés d’une lumière tamisée par les vitraux qui mettaient en valeur les papiers peints faits d’entrelacs et d’arabesques.
Je compte bien découvrir un jour si cela est mythe, ou réalité !