Face aux pyramides du Louvre se dresse un Arc de Triomphe qui parait quelque peu abandonné… Érigé, comme l’Arc de Triomphe de l’Étoile, à la demande de Napoléon, c’est l’un des derniers vestiges du Palais des Tuileries, aujourd’hui disparu.
Au retour d’Austerlitz, en 1806, Napoléon ordonne la construction de deux arcs de triomphe à la gloire de la Grande Armée : l’Arc de Triomphe de l’Étoile pour l’entrée des troupes dans la ville, et l’Arc de Triomphe du Carrousel pour l’entrée d’honneur du Palais des Tuileries, résidence officielle de l’Empereur.
Les travaux sont dirigés par les architectes de l’Empire, Percier et Fontaine, qui prennent comme modèle l’arc de Septime Sévère, à Rome. Au sommet du monument se trouvait à l’origine un quadrige (char antique à deux roues attelé de quatre chevaux) qui provenait de la Basilique Saint-Marc à Venise, saisi en 1797 par Napoléon lors de la campagne d’Italie. Chevaux qui avaient déjà été pris comme trésor de guerre par les Vénitiens à Constantinople au moment du pillage de la ville par les croisés en 1204 !
Le directeur du Musée du Louvre, à qui avait été confié le projet de cet Arc de Triomphe, commanda au sculpteur François Lemot une statue de Napoléon dirigeant le char en triomphateur. Une initiative qui ne plut pas à l’Empereur, jugeant inconvenant de glorifier sa personne sur un édifice public qu’il a commandé pour célébrer son armée. Il ordonne donc que sa statue « soit enlevée, et que le char, si l’on a rien de mieux à y mettre, reste vide ».
Après avoir été vidé de la statue de Napoléon, le sommet de l’arc fut vidé de ses chevaux, rendus à Venise à la chute de l’empire en 1815. Le décor actuel, réalisé en 1827, est une copie de l’original. C’est aujourd’hui une figure de la paix, allégorie de la Restauration, qui conduit le char (les deux statues dorées sur les côtés sont d’origine, et entouraient déjà les chevaux de Saint-Marc).
L’ornementation de l’Arc de Triomphe n’a quant à elle pas changé depuis le début du 19e siècle. Les colonnes de granit rose proviennent du vieux château de Meudon, détruit en 1804 et dont on a récupéré quelques éléments. Ces colonnes sont surmontées de statues représentant les soldats de l’Empire, série intéressante pour la précision des uniformes. Enfin, sur les faces du monument sont apposées des bas-reliefs relatifs aux victoires militaires de l’Empereur.