C’est un fait plutôt méconnu, mais le quartier de La Défense, l’un des plus importants quartiers d’affaires européens, tient son nom d’un groupe sculpté posé au 19e siècle, lorsque les hautes tours n’avaient pas encore envahi l’ouest parisien. Si la statue est toujours présente vers l’esplanade, un modèle préparatoire en plâtre est visible au Petit Palais, dans la magnifique galerie des sculptures à l’entrée du musée.
La Défense de Paris, 1870-1871
Après la capitulation de Napoléon III en septembre 1870, Paris, assiégée, continua le combat contre les prussiens pendant l’hiver 1070-1871. Une défense de la ville s’organisa, qui tenta plusieurs sorties pour briser le siège ennemi. Le 19 janvier 1871, au lendemain de la proclamation de l’’empereur Allemand au château de Versailles, une ultime tentative est lancée par les troupes françaises en direction de Saint-Cloud, Garches et Rueil, étape indispensable pour récupérer Versailles. Cette bataille (bataille de Buzenval), perdue, sera la dernière avant la signature de l’armistice le 28 janvier.
- Plus de détails sur la bataille de Buzenval et le quartier de La Défense
En 1879, le gouvernement décide de lancer un concours pour édifier une statue en l’honneur des combattants de Buzenval. Huit ans après la bataille, la population reste profondément divisée, et une partie d’entre elle n’a toujours pas digéré l’humiliation de la défaite. On tente alors de mettre en avant l’héroïsme des soldats et leur courage, qui doivent devenir aux yeux de la population des signes de victoire. Les raisons de la défaite sont à chercher ailleurs, notamment du côté de la famine qui a obligé les parisiens à quitter les armes…
Près de cent sculpteurs, dont Rodin, Falguière ou Bartholdi, participent au concours pour La Défense de Paris. Le projet retenu par le jury est celui de Louis-Ernest Barrias (1841-1905). Inauguré en 1883 sur l’ancien rond-point de Courbevoie, d’où sont parties les troupes françaises le 19 janvier 1871, ce groupe sculpté donnera son nom au quartier !
On y voit trois figures qui symbolisent la défense de Paris :
- une femme, vêtue de l’uniforme de la garde nationale, appuyée sur un canon et tenant un drapeau, figure allégorique de la ville de Paris ;
- les défenseurs prennent les traits d’un jeune garde blessé qui place une dernière cartouche dans son fusil.
Ces deux figures étaient destinées à regarder vers Buzenval.
- de l’autre côté du monument, une fillette prostrée qui, par son expression triste et son apparence misérable, personnifie les souffrances de la population civile.
À voir au Petit Palais !