Sur la place du Louvre, face à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, s’étend une somptueuse façade. Appelée la Colonnade de Perrault, elle a été commandée au 17e siècle par Louis XIV pour fermer la cour carrée et offrir au palais du Louvre une entrée sur la ville. L’un des plus beaux témoignages à Paris du classicisme français sous le règne du Roi-Soleil.
Après s’être réinstallé au Louvre, Louis XIV décide en 1660 d’achever la cour carrée – dont les travaux avaient été lancés par François 1er – et fait raser tout ce qu’il restait du Louvre médiéval. Sur la partie orientale de la cour, tournée vers la ville, la nouvelle façade deviendrait la porte d’honneur du Palais. Son architecture et sa décoration se devaient donc d’être grandioses.
Entre 1661 et 1664, des premiers projets sont étudiés, tous rejetés. Le Roi fait alors appel en 1665 au grand architecte italien Bernin, mais, encore une fois, ses plans ne plaisent pas. Pour ne pas offenser cet immense artiste, admiré de toute l’Europe et favori des Papes, la première pierre de la façade qu’il avait imaginée est tout de même posée en 1665… Puis Bernin est gentiment renvoyé chez lui, comblé d’honneurs, et d’argent. Le reste de la façade ne fut jamais érigé !
Le projet final, que nous voyons encore aujourd’hui, a été entrepris en 1667. Malgré son nom de « colonnade de Perrault », il pose encore un problème d’attribution, sa conception étant le fruit de multiples influences, dont celles de Louis Le Vau, architecte du Roi, Charles Le Brun, premier peintre du Roi, et Claude Perrault, architecte. Il faut donc la voir comme un mélange d’inspirations diverses, ce qui est tout à fait logique pour l’époque, puisque les contemporains considéraient qu’aucun homme à lui seul ne pouvait avoir toutes les compétences pour réaliser une façade digne du Roi…
Louis XIV dirigeait tout lui-même, imposait son goût et discutait les plans. Il aimait les grands espaces lumineux et monumentaux, ainsi que les colonnes inspirées de l’Antiquité. Autant d’éléments que l’on retrouve sur cette colonnade, dont le style fut par la suite très souvent imité.
Elle marquera ainsi le triomphe du classicisme français, avec l’Hôtel des Invalides, et, bien évidemment, le Château de Versailles. Ces trois monuments participèrent à la gloire de l’art Français en Europe, dépassant par la même occasion l’Italie, dont l’influence artistique régnait sans partage depuis des siècles sur tout le continent.