Plus bourgeoise et mois touristique que l’Île de la Cité, l’Île Saint-Louis reste l’une des plus agréables pour une flânerie dans la capitale. Restée quasiment identique depuis près de 4 siècles, son architecture et son atmosphère de village indépendant font de l’Île un lieu idéal pour une balade en toute saison.
L’Île Saint-Louis, à l’origine, comprenait deux îlots : l’île aux vaches, qui était un champ de pâturage, et l’île Notre-Dame, où avaient lieu au Moyen-Âge les duels judiciaires. Ce n’est qu’au début du 17e siècle, après la création de la place de Vosges et le développement du Marais, qu’il fut décidé de réunir les deux îlots, notamment pour créer un pont entre la rive droite et la rive gauche.
Des magistrats, conseillers du Roi et financiers y firent construire de somptueuses demeures en pierre de taille à travers des petites rues calmes aux airs de village dans la ville. Chose assez rare à Paris, celles-ci furent tracées selon un plan régulier, avec des intersections à angle droit. Et bien que certaines demeures aient disparu, l’Île a été en partie bien préservée des grands bouleversements Haussmanniens, et permet aujourd’hui encore une agréable promenade le long de ses quais, à la découverte de façades, porches et devantures qui ont gardé leur cachet d’origine
Hôtel Lambert, 2 Rue Saint Louis en l’ile
Réalisé par Louis le Vau – architecte de Louis XIV, à qui l’on doit notamment le château de Vaux-le-Vicomte – l’Hôtel Lambert est l’un des plus beaux de Paris. Une partie de l’hôtel a été malheureusement ravagée lors d’un incendie en 2013, faisant disparaitre de très rares décors du 17e siècle.
Voltaire habitera cet hôtel au 18e siècle, hébergé par sa maîtresse la marquise du Châtelet.
Hôtel de Bretonvilliers, 7 Rue Saint Louis en l’ile
D’un somptueux palais construit à la moitié du 17e siècle, il ne reste plus aujourd’hui que quelques traces, dont le pavillon visible à l’angle de la rue de Bretonvilliers et la rue Saint Louis en l’ile.
L’hôtel fut détruit en 1874 lors de la construction du pont de Sully et le percement du Boulevard Henri-IV.
Quai de Béthune
Alors que les hôtels particuliers de Paris privilégiaient les logis derrière une cour d’honneur, les appartements de l’île Saint-Louis donnaient directement sur la voie publique, notamment pour profiter du spectacle de la Seine. C’est ce que l’on peut voir au niveau du quai de Béthune, bordé de magnifiques façades et de portails somptueusement décorés.
Au n°22, vous pouvez voir un portail renforcé de pièces de bois cloutées, typique du 17e siècle. Charles Baudelaire y logea de mars 1842 à juin 1843.
Prenez la rue Poulletier. La séparation des deux îles suivait à peu près cette rue, qui tire son nom de Lugles Poulletier, l’un des associés à qui l’on doit la création de l’Île Saint-Louis.
Église Saint Louis en l’ïle
De style baroque (proche de l’architecture de l’église Saint-Paul-Saint-Louis), cette église fut construite par le frère de Louis Le Vau, François le Vau. Pillée pendant la Révolution, la plupart des ornements et décorations intérieurs datent du 19e siècle.
Des concerts de musique classique sont données tout au long de l’année dans cette église.
Hôtel de Lauzun, 17, quai d’Anjou
Hôtel d’architecture typique du 17e siècle, il est réputé pour avoir accueilli à partir de 1845 les réunions du Club des Haschischins, dont faisaient partie notamment Charles Baudelaire et Théophile Gautier, cercle privé qui fumait le hachich et l’opium en quête des « paradis artificiels ».
Des réunions décrites par Théophile Gautier comme une « »oasis de solitude au milieu de Paris, que le fleuve, en l’entourant de ses deux bras, semblait défendre contre les empiétements de la civilisation » (La Revue des deux mondes, 1846)
Rue Saint-Louis-en-l’Île
Traversant l’île d’Ouest en Est, la rue Saint-Louis-en-Île est une jolie rue commerçante, et l’artère la plus animée.
Au n°31 se trouve le célèbre glacier Berthillon, classé tous les ans comme l’un des meilleurs de Paris.
Au n°51, l’Hôtel de Chenizot possède l’une des plus belles façades de l’île, somptueusement décorée autour du porche.
Rue Regrattier
À l’angle de la rue Regrattier et du quai de Bourbon est toujours gravé l’ancien nom de la rue, « rue de la Femme sans Teste ». Un nom que certains attribuent à la statue brisée qui trône au dessus du nom, statue qui représentait en fait Saint-Nicolas, cassée pendant la Révolution. D’autres affirment que l’appellation viendrait de l’enseigne d’une boutique du 17e siècle qui représentait une femme sans tête…
Pour finir votre découverte de l’île, rendez-vous sur les quais de la Seine de la pointe Ouest de l’Île, après le quai de Bourbon. Une délicieuse atmosphère romantique les pieds dans l’eau, animée aux beaux jours par les parisiens venus pique-niquer ou prendre l’apéritif sur ce quai aux allures de proue d’un bateau.