Pour un Parisien, la Seine n’est pas un simple cours d’eau. Aujourd’hui lieu privilégié de détente ou de promenades romantiques, ce fleuve reste, même inconsciemment, celui qui a nourri en poissons les premiers parisiens, abreuvé son bétail et donné son eau pour y faire prospérer l’agriculture.
Plus encore, la Seine fut à l’origine de la ville un rempart naturel contre les attaques extérieures lorsque Paris est devenu Paris, c’est-à-dire lorsque ses habitants se replièrent dans l’île de la Cité pour fuir les invasions, et abandonnèrent petit à petit d’eux-mêmes le nom Romain de Lutèce pour celui de Civitas Parisiorum : la ville des Parisii.
Suivre à pieds le cours de la Seine depuis Châtelet – qui fait face à l’Île de la Cité – jusqu’à la Place de la Concorde, c’est suivre la longue histoire de Paris. Une ville à l’ambition démesurée, symbolisée par son architecture et ses bâtiments d’exception, qui s’est ouverte sur le monde au gré de son expansion, essor dont les ponts qui traversent la Seine sont les plus fabuleux témoins.
Au commencement de cette promenade au fil de l’eau, on avance à l’ombre des arbres, le plus souvent les yeux tournés vers l’Île de la Cité, jetant sporadiquement un œil aux étales des bouquinistes. Seul le bruit constant des voitures empêche d’être transporté complètement à l’époque où le goudron sous nos pieds n’était qu’un vaste marais.
Puis on continue à suivre le courant pour arriver devant l’ancien Palais de la Cité, résidence médiévale des rois mérovingiens. En posant leurs valises sur cette petite île, les premiers rois pensaient-ils poser la première pierre de ce qui deviendra l’une des plus belles villes au monde ?
Vient ensuite le Pont Neuf, plus vieux pont parisien, orné de ses 381 visages grimaçants. Petit à petit, l’Île de la Cité s’éloigne et laisse apparaître de l’autre côté du fleuve la rive gauche de Paris. Séparées par l’eau, les deux rives s’observent fièrement et s’opposent dans un combat muet…
Plus loin, le Pont des Arts, première construction métallique de grande envergure à Paris, qui a perdu ses cadenas d’amour. On longe un autre ancien palais des rois de France : le Louvre. Sur un peu moins d’un kilomètre, Paris nous offre alors une superbe flânerie dans un décor luxuriant, bercé par la Seine qui continue inexorablement à avancer vers son objectif.
Ici, la ville est d’une beauté absolue ; Paris se dévoile tout entier à son visiteur.
Passé le Louvre, le promeneur longe le jardin des Tuileries. Malheureusement, la rangée d’arbres qui borde le jardin côté Seine empêche d’en discerner le moindre détail. On compense alors cette frustration en observant de l’autre côté de la Seine la rive gauche.
Le Musée d’Orsay et l’enchaînement de façades typiquement Haussmanniennes rappellent à qui l’aurait oublié que la rive gauche est, elle aussi, riche d’une longue histoire qui n’a rien à jalouser à la rive droite. On aperçoit de surcroît quelques péniches habitées, envieux de ces parisiens qui ont fait du fleuve leur résidence permanente.
Tout d’un coup, la circulation se fait plus dense et une effervescence nouvelle se fait ressentir. Bientôt la Place de la Concorde. Tous les symboles de Paris se cristallisent dans cette somptueuse place : histoire de France, romantisme de l’architecture, luxe et modernité se côtoient dans un ensemble esthétiquement parfait. C’est également là que les deux rives rentrent en symbiose, réconciliée par l’harmonieuse perspective dont le pont se fait l’arbitre.