Au 12e siècle, la capitale, et plus particulièrement son centre ville, resserré autour de l’ancienne place de Grève, était un assemblage confus de rues étroites, tortueuses et non pavées. La place elle-même était bien différente d’aujourd’hui. Bien plus étendue, il n’y avait pas encore de bâtiment officiel pour la municipalité, et son terrain sablonneux descendant en pente douce vers la Seine accueillait une activité commerciale débordante.
Une animation qui fut fatale en 1131 au futur roi Philippe.
Le prince et le cochon
Pour assoir la dynastie, que les guerres de succession avec l’Angleterre normande rendaient fragiles, Louis VI avait fait reconnaitre par tous ses vassaux fidèles son fils ainé Philippe comme successeur. Une légitimité appuyée par le caractère du prince, courageux, brave à la guerre, et fidèle à l’Église.
Le 1er octobre 1131, celui-ci entra dans Paris par l’actuelle rue Saint-Antoine, longea le quartier Saint-Gervais, et s’enfonça dans les méandres des rues médiévales et de son activité grouillante à mesure qu’approchait la place de Grève. Trouvant une rue étroite libre de passage, il pressa son cheval. Mais un cochon qui fouillait les boues pour se nourrir de l’activité humaine prit peur et, voulant s’enfuir, se précipita entre les jambes du cheval. Lequel s’effraya à son tour et jeta en l’air Philippe en se cabrant.
En tombant, le prince alla frapper sa tête contre la borne d’une maison. Victime d’une rupture des vertèbres du cou, il mourut dans la nuit.
Un évènement qui eut deux grandes conséquences. La première fut une ordonnance qui interdisait la déambulation de cochons dans les rues de Paris. Le bourreau avait droit, s’il croisait un cochon vaguant, de lui couper la tête et d’emporter cette pièce pour son usage. La deuxième, plus importante encore, fut le sacre et le couronnement du frère de Philippe, deuxième fils du roi, qui régnera après son père sous le nom de Louis VII. Son fils sera Philippe Auguste.
- Voir aussi : l’assassinat d’Henri IV rue de Ferronnerie
Le quartier entier a disparu dans les agrandissements successifs de l’Hôtel de Ville et de sa place. L’histoire, elle, retiendra qu’un cochon a fait basculer le destin de la France.