Ce n’est pas le plus joli des passages couverts, ni le plus accueillant. Et pourtant, c’est un haut lieu historique de la capitale. Construit à la fin du 18e siècle, le passage du Caire cultive en effet depuis ses origines un étrange paradoxe. Pionnier des passages parisiens, il n’a jamais attiré les visiteurs. Un déficit de notoriété que sa valeur historique ne comble pas, qui s’explique par une seule et simple raison depuis son inauguration : pas assez clinquant.
Construit dans le quartier populaire de la rue Saint-Denis en 1798, les promoteurs n’avait d’autres ambitions avec ce passage que d’offrir aux habitants une nouveauté née quelques années plus tôt dans les jardins du Palais-Royal : la promenade couverte. Un enchantement pour l’époque, qui permettait de profiter de boutiques à l’abri des intempéries.
Mais contrairement au passage des Panoramas, qui sera inauguré un an plus tard, ou à la galerie Vivienne, le passage du Caire n’a jamais présenté de somptueux décors. Pas de mosaïque au sol, de bas-reliefs sur ses murs, ou de belles enseignes. Simplement bordé de marchands et d’artisans de toute espèce, c’était un lieu de vie populaire et protégé des aléas de la météo. Une version froide et rigoureuse du passage couvert en somme, qui n’en a appliqué que les principes fondamentaux.
Pas assez dispendieux, il sera ignoré, voire méprisé, lorsque les grandes galeries de verres pousseront dans tout Paris. Tout juste attirera-t-il les curieux venus découvrir ce nouvel édifice à la consonance égyptienne, qui faisait rêver de pierres précieuses et de Contes des Mille et Une nuits depuis la campagne militaire de Napoléon. Mais passée la façade de l’immeuble ornée de jolies effigies de la déesse Hathor située place du Caire, le charme s’essoufflait… Ce qui, il faut l’avouer, est toujours le cas aujourd’hui !
Tombé dans l’oubli au 19e siècle, il fut menacé à plusieurs reprises de destruction. Situé au coeur du sentier, quartier historique du prêt-à-porter, vous y trouverez aujourd’hui de nombreux commerces pour professionnels où se vendent mannequins, cintres et autres portemanteaux.
Il n’en reste pas moins intéressant à découvrir si vous vous promenez dans les alentours de la rue Saint-Denis. Depuis la destruction des passages du Palais-Royal et de la galerie Feydeau, qui l’avaient précédé, le passage du Caire est en effet le plus vieux passage couvert de Paris.